Impacts du réchauffement climatique sur la Bière

Le changement climatique pourrait avoir des conséquences surprenantes. Avec l’augmentation des températures, les épisodes de sécheresse pourraient être de plus en plus fréquents.
Ce phénomène pourrait avoir un impact sur la production de céréales, et notamment d’orge. Si cette dernière venait à diminuer, la bière deviendrait alors un produit de consommation plus rare – et donc plus cher.

Une chute de 16 % de la production
« Une baisse de la production mondiale d’orge, c’est une baisse encore plus grande de la production d’orge consacrée à la bière », analyse Dabo Guan, professeur britannique en économie du changement climatique. Le spécialiste relève que « les cultures de haute qualité sont encore plus sensibles ».

 

Le Nouvel Obs – 19/10

Si vous êtes un fervent amateur de bière et que le changement climatique ne vous fait ni chaud ni froid, vous allez vite changer d’avis. Votre breuvage préféré est en effet sérieusement menacé par le réchauffement, et les effets négatifs ont déjà commencé à se faire sentir.

« Même si ce n’est pas l’impact le plus inquiétant du changement climatique futur, les événements climatiques extrêmes pourraient menacer la disponibilité et l’accessibilité économique de la bière », préviennent Wei Xie, de l’école des sciences agricoles avancées de l’université de Pékin et ses collègues dans une étude qui vient de paraître dans la revue « Nature Plants ».

Menaces sur l’orge

L’orge, la céréale la plus utilisée pour la fabrication de la bière, risque en effet de voir ses récoltes diminuer avec l’augmentation des températures et les sécheresses qui y sont associées.

Ces événements climatiques extrêmes vont toucher de plein fouet la culture de l’orge. « On s’attend à ce que les récoltes d’orge décroissent de manière substantielle au fur et à mesure que les sécheresses sévères et les chaleurs extrêmes deviennent plus fréquentes à cause du changement climatique », expliquent ces chercheurs. On le sait, de tels épisodes jadis peu fréquents vont devenir monnaie courante dans les années à venir.

L’orge est en effet « particulièrement sensible aux événements météorologiques extrêmes », ce qui va affecter directement les stocks de bière.

Wei Xie et ses collègues ont modélisé les conséquences du climat futur sur l’orge et sur la bière, et leurs résultats ne sont pas encourageants. Selon eux, les pertes moyennes des récoltes d’orge vont aller de 3% à 17% en fonction de la sévérité des épisodes qui les toucheront. Et si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre, il faut s’attendre au pire scénario : « Même un réchauffement modeste amènera une augmentation des sécheresses et chaleurs excessives dans les régions où l’on cultive l’orge », avertit Nathan Mueller, co-auteur de l’étude.

Les pertes en orge seront davantage ressenties dans la production de bière. Seulement 17% de cette céréale sont aujourd’hui utilisés par les brasseurs, le reste sert principalement à nourrir les animaux et ces derniers seront probablement favorisés. « Le déclin des récoltes d’orge va provoquer des déclins proportionnellement plus importants de l’orge disponible pour la production de bière, car la priorité sera donnée à des marchandises plus essentielles », affirment les chercheurs.

 


La bière un produit de luxe?

Le résultat prévisible, c’est la diminution des stocks de bière. « Nos résultats montrent que lors des événements climatiques les plus sévères, l’approvisionnement en bière pourrait diminuer de 16% les années où les sécheresses et canicules vont frapper », précise Steven Davis, de l’université de Californie à Irvine, autre co-auteur de l’étude. « C’est comparable à l’ensemble de la consommation annuelle de bière aux Etats-Unis. » Les régions les plus frappées seraient des pays comme la Belgique, la République tchèque et l’Allemagne, où l’orge disponible pour la bière pourrait chuter de 27 à 38%.

Bière plus rare, bière plus chère, la consommation devrait donc diminuer de façon sensible, et même devenir un luxe inabordable dans les pays les plus pauvres. « Le climat futur et les conditions tarifaires pourrait mettre la bière hors de portée pour des centaines de millions de personnes dans le monde », ajoute Steven Davis.

Pour donner un exemple, l’Irlande, pays emblématique pour la bière, pourrait voir le prix de la pinte augmenter dans une fourchette allant de 43% à 338% d’ici 2099, en fonction de la sévérité des effets du changement climatique. Au Royaume-Uni, les prix du breuvage pourraient doubler, avec ou sans Brexit… Autre exemple, en Argentine, la consommation de bière pourrait diminuer de 32%.

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